Je suis tombé sur cet article du Boston Globe sur le nombre d’heures d’études des étudiants universitaires américains. C’est un résumé d’un article qui est en attente de publication dans la revue du MIT, The Review of Economics and Statistics. Les journaux ont souvent un traitement assez étrange de ce type de questions, mais dans ce cas-ci, l’article cherche à explorer les différentes possibilités expliquant ce phénomène, et ce, sans tomber dans le sensationnalisme.
Quelles sont les conclusions de cet article?
Selon l’article, de 1961 à aujourd’hui, le nombre d’heures d’études moyen est passé de 24 heures par semaine à 14 heures par semaine. Cette tendance touche tous les étudiants, et ce, quels que soient leur institution, leur domaine d’étude et leur niveau. Cela est d’autant plus intéressant que cela remet en question la logique traditionnelle qui consiste à donner peu d’heures de cours en classe (typiquement 3 heures par semaine par cours) pour laisser les étudiants étudier à l’extérieur de la classe (souvent un autre 3 heures par exemple). Il est manifeste que cette logique s’applique de moins en moins. Cette diminution du temps d’étude semble ne pas se refléter dans les notes qu’ils obtiennent (ce qui, si l’on normalise les notes selon une distribution gaussienne, ne veut pas dire grand-chose).
Il est difficile de déterminer la cause précise de ce phénomène, mais l’article présente plusieurs suspects. D’abord, l’arrivée de technologie qui réduise le temps pour réaliser un travail (comme le traitement de textes ou les bibliothèques en ligne), ensuite le travail à temps partiel des étudiants qui est en augmentation, et aussi, le changement de l’entente pédagogique entre les enseignants et les étudiants qui dorénavant cherchent, chacun de leur côté, à minimiser le temps nécessaire pour les responsabilités d’ordre pédagogique.
Un autre aspect qui me semble intéressant par rapport à cette question est que les étudiants semblent eux-mêmes déterminer, selon un sondage de 2008, qu’ils manquent d’outils et de méthodes de travail comme explication de cette diminution du temps d’études.
Aussi, l’article qui permet de mieux éclairer cette réalité est que ce phénomène n’est pas nouveau. En effet, le nombre d’heures d’études a diminué de 1961 à 1981 de 24 heures par semaine à 16,8 heures. Ainsi, depuis 20 ans, la chute n’a été que de 2,8 heures, comme quoi, il faut faire attention avant de blâmer Internet.
Pensée finale
Il est important de noter que la diminution du temps d’études est probablement réelle. En effet, plusieurs indices semblent pointer dans cette direction. Je prends pour exemple un article sur la diminution du nombre d’étudiants qui font les lectures préparatoires aux séances de cours démontrée dans un autre article de Burchfield et Sappington (2000). Il faut maintenant se poser la question sur la qualité des formations et l’effort de chacun pour amener celle-ci vers le haut. Je ne pense pas que le temps d’études soit la seule variable à analyser pour répondre à cette question.
Burchfield, C. M., & Sappington, J. (2000). Compliance With Required Reading Assignments. Teaching of Psychology, 27(1), 58-60.