Skip to main content

Reportage d’Enquête sur le plagiat.

Publié originalement le 10 octobre 2008 sur PopQuizz.ca

Sherbrooke, 29 septembre 2008

Monsieur Alain Gravel
Journaliste
Société Radio-Canada

Monsieur Gravel,

J’ai regardé avec attention le reportage sur le plagiat diffusé en reprise dimanche dernier. Soyons clairs, le plagiat n’a aucune valeur éthique ou pédagogique et les étudiantes ou les étudiants qui utilisent des moyens détournés pour remplir leurs obligations pédagogiques doivent être punis.

Cependant, et j’ai pu étudier cette question pour un cours que je donne et qui traite entre autres de la correction et du plagiat et la question du plagiat ne peut être mise uniquement sur la faute des étudiantes et des étudiants. Les chiffres, et ce, à travers le monde, sont si hauts (entre 50 et 90% dans le cas de certaines études) qu’il faut y voir une situation endémique qui mérite d’être étudiée. En effet, les travaux scolaires qui sont demandés sont souvent décontextualisés et deviennent des évènements séparés du cours. Comment expliquer sinon qu’une personne qui ne suit pas le cours puisse réaliser un travail? Il existe des logiciels et des techniques pour détecter le plagiat, mais ils ne permettent que rarement de pincer les personnes qui utilisent une tierce personne pour réaliser ses travaux scolaires.

Les personnes qui s’intéressent, comme moi, à l’évaluation des apprentissages ont des solutions, mais si celles-ci ne sont pas très en vogue et ne font pas appel à une augmentation des moyens et des structures de vérification. Ces solutions cherchent plutôt à améliorer l’apprentissage des diplômés. D’abord, toutes les approches modernes proposent qu’un suivi soit fait tout au long du cours, et ce, pour chacun des étudiants, permettant à l’enseignant de les suivre individuellement. Cela permet de vérifier, d’abord, si un étudiant a besoin d’aide et, ensuite, cela empêche qu’un étudiant en difficulté devienne soudainement très talentueux dans ses travaux sans que personne ne s’en surprenne. Il existe plusieurs outils, instruments et approches qui permettent de le faire. Le bémol que l’on doit cependant émettre est qu’il faut que cela soit possible dans le cadre des politiques et des exigences des facultés universitaires. L’autre approche est que le professeur doit continuellement rendre concret le cours, c’est-à-dire, proposer des projets plus authentiques qui changent de trimestre en trimestre. Si un professeur demande de faire un résumé critique d’un roman connu, cela ouvre grande la porte aux comportements décrits dans votre reportage. Si un professeur utilise plutôt une problématique différente à chaque trimestre et associée au milieu de travail futur des étudiants, il devient plus complexe de s’inspirer de sources Internet ou de tiers extérieurs au cours.

Le problème avec cette question, c’est qu’elle n’est la responsabilité propre de personnes. Les examens ne servent bien souvent qu’à attribuer des notes, et ce, même s’ils sont des occasions privilégiées d’apprentissage pour les étudiantes et les étudiants. En demandant aux étudiantes et aux étudiants d’apprendre par cœur, de faire des exercices en séries et de réaliser des travaux mille fois faits avant, nous ne leur donnons pas d’occasions d’apprendre et de plus, nous ne vérifions pas s’ils seront de bons professionnels. Mais cela, j’en suis conscient, ouvre un plus large débat…

Merci de votre attention.